Dans un petit village de la Grèce antique, deux paysans eurent une nuit la surprise d’une étrange visite. Un homme couvert de sang et de boue vint frapper à leur porte. Il faisait sombre et les paysans ne s’aperçurent de son ignoble apparence qu’une fois leur porte ouverte.
Cet homme était vraisemblablement fou, il marchait dans la pièce et semblait frigorifié. Son visage, marqué par la crasse, était souligné par une barbe hirsute. Son regard était agressif. Les deux fermiers étaient tétanisés. A quel diable avaient ils ouverts leur porte ?
« Je reviens de l’Hadès ! Je suis un guerrier de Sparte. Je ne vous ferais aucun mal à condition que vous me donniez à boire et à manger. Hâtez vous ! »
Les paysans s’exécutèrent… De quel choix disposaient ils ? L’homme se tenait devant eux en arme.
Une fois qu’il eut consommé le repas, le guerrier s’apaisa.
« Vous devez être effrayés. Je m’excuse de cette irruption. »
Les paysans demeuraient silencieux. Il les parcouru du regard avant de reprendre :
« - Il y a eut une bataille à quelques kilomètres d’ici. Quand était-ce ?
- Il y a environ une dizaine de jour…
- Alors ce n’était pas un rêve, il marqua une pose, ses yeux à présent rivés sur la table. »
La paysanne risqua de briser le silence.
« Vous étiez sur le champs de bataille ? Vous avez fait cette guerre. »
Le spartiate leva les yeux un instant avant de se lever de son tabouret. Il marcha en silence prêt de l’âtre. Il approcha lentement ses mains du foyer. Le visage rougeoyant à la lueur du feu, il conta son histoire.
« J’ai été laissé pour mort dans un tas de cadavre. Je vous l’ai dit je reviens de l’enfer. La dernière chose dont je me souviens c’est d’avoir pris un violent coup au crâne. Je suis tombé et mes yeux se sont assombris.
Lorsque je m’éveillais, j’étais dans l’Hadès, de l’autre côté du Styx. J’ai vu de mes yeux le monde des morts. Des colonnes d’âmes bleutées descendaient des montagnes arides et sans espoir. Mon corps n’existait plus, je n’étais qu’une âme errante. Trois autres âmes me précédaient. Nous étions, me semble-t-il, à l’entrée d’une grotte. Qu’était il arrivé à mes hommes ? Avions nous gagné la guerre ? Etais-je vraiment mort ? Ou étaient les hommes tomber à mes côtés ? Qui étaient ses trois âmes ? Tandis que mon esprit palpitait de question, le geôlier fit résonner sa voix depuis le fond de la caverne.
« Je vous propose trois vies… l’une est celle d’un tyran, l’autre est celle d’un pauvre, la dernière est celle d’un homme banal. Choisissez, à l’aune de vos expériences, déterminez laquelle de ces trois vies est la plus enviable. Vous aurez alors la chance de vous réincarner dans la vie de votre choix. »
La première âme approcha. J’écoutai avec attention les pensées échangées ici, conscient de la réalité de la réincarnation et du choix que je devrais faire. La première âme pris la parole :
« J’étais un pauvre, sans un sous. J’ai connu les affres de la pauvreté ! Je ne veux plus revivre ça !!! Jamais ! Je vais venger ma condition ! Je deviendrais un tyran ! Bénis sois-tu Hadès de me donner cette opportunité. »
L’âme du pauvre se dissipa.
La seconde âme approcha.
« Pauvre bougre… il ne sait pas ce qu’il l’attend. La vie de tyran est un enfer. J’étais tyran et je puis juré qu’il n’y a pas de vie plus ingrate. Il sera hait de ses ennemis, trahit par ses amis. Il sera riche matériellement et pauvre dans l’amitié. Je préfère encore être pauvre. Hades fait moi pauvre ! Laisse moi goûter à la vraie richesse, celle du cœur… »
L’âme du tyran se dissipa.
La troisième âme approcha.
« Je suis Ulysse… Je suis un héros. J’ai recherché le combat et la lutte. Mes exploits seront probablement contés dans le monde entier… Mais qu’ai-je gagné finalement ? J’ai été éloigné de ma femme ! Je n’ai jamais vu grandir mes enfants ! Peu m’importe l’héroïsme, je veux être un homme normal, avoir une famille ! Ô Hadès ! Mon chois est fait ! Donne moi la vie de l’homme normal ! Fais moi riche d’une famille ! Fais moi riche de quiétude ! »
Je m’approchai alors. Mais le geôlier me dit :
« Il ne reste plus de vie disponible pour toi… retourne d’où tu viens. Regagne le champ de bataille ! Fais de ce voyage dans le monde des morts une expérience. Souviens toi du choix du héros et juge de ta vie à l’aune de la sagesse d’Ulysse… »
Je revins du monde des morts dans un tas de cadavres froids. Je me suis hissé sur les corps et j’ai marché jusqu’à votre ferme… »
Un long silence s’instaura. Les fermiers restaient hébétés. Le guerrier pris ses affaires et s’approcha de la porte et en franchis le seuil…
« - Attendez, cria un paysan ! Ne désirez vous rien d’autre ? Ne vous voulez vous point connaître l’issu du combat que vous avez mené ?
- Cela ne m’intéresse plus, répondit l’homme. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire